Méthodes & notions
Analyse Psycho-Organique (APO)
L’analyse psycho-organique, créée à partir de 1975 par Paul Boyesen (1948-), est une méthode de psychothérapie qui croise les apports de la psychologie biodynamique (et donc des apports de W. Reich), et des psychanalyses freudienne et jungienne. En ceci, elle est à la fois axée sur le travail organique, ainsi que le travail analytique.
L’analyse psycho-organique associe intimement le travail symbolique (le langage, les images) et la conscience du vécu corporel (les sensations organiques, les sentiments et les émotions). Le travail sur le passé est moins une recherche archéologique visant à une compréhension de son histoire qu’à une remise en scène dans l’ici et maintenant de la séance de ce qui n’a pas été accompli dans le passé. Le concept de « choix d’expérience » de Paul Boyesen connote ce point de vue : nous pouvons, à chaque instant, non pas changer notre passé, mais changer notre regard sur notre passé. Et ainsi, retrouver une part de créativité, renouer le contact avec l’impulsion primaire, l’élan vital.
En outre, le travail organique permet l’accès non seulement aux souvenirs refoulés mais aussi à des traces mnémoniques inorganisées qui relèvent davantage de la mémoire procédurale que de la mémoire épisodique. Il est possible, dans l’ici et maintenant de la séance, de vivre des expériences nouvelles, une façon nouvelle d’être en relation. L’idée d’autorégulation, l’importance accordée à la détente neuro-végétative indiquent ce que l’analyse psycho-organique doit aux apports de Gerda Boyesen (1922-2005), fondatrice de la Psychologie biodynamique, et mère de Paul Boyesen.
Parmi les apports importants de l’APO au monde de la thérapie, on peut noter 1) Le cercle psycho-organique, un outil qui symbolise le lien entre notre psychisme et le fonctionnement du système neuro-végétatif, ou système nerveux autonome ; 2) les trois formes, qui permettent de construire une vision de la psychopathologie à la fois simple et puissante.
L’APO est enseignée en France, en Allemagne, en Suisse, en Benelux, en Russie, en Lettonie, au Liban et au Brésil.
Analyse Transactionnelle (AT)
L’analyse transactionnelle, appelée aussi AT, est une théorie de la personnalité, des rapports sociaux et de la communication. Créée en 1958 par le médecin psychiatre américain Éric Berne (1910-1970), elle postule des « états du Moi » (Parent, Adulte, Enfant), et étudie les phénomènes intrapsychiques à travers les échanges relationnels de deux personnes ou plus, appelés « transactions ». Une transaction est le nom donné à un échange verbal et comportemental entre deux personnes.
L’analyse transactionnelle est devenue un champ de recherche très important, avec de nombreux contributeurs, ce qui explique sa vaste richesse et son large champ d’application.
L’AT est une théorie de la personnalité, qui étudie comment les gens sont structurés psychologiquement (états du moi, jeux psychologiques…). Elle nous aide à comprendre comment les gens fonctionnent et expriment leur personnalité en terme de comportements.
L’AT est une théorie de la communication qui analyse des systèmes et des organisations (théorie des organisations…).
L’AT est une théorie du développement de l’enfant qui, à travers notamment les scénarios de vie, fournit des explications sur la manière dont nous continuons parfois à réutiliser les stratégies de notre enfance dans notre vie adulte, même quand elles aboutissent à des résultats douloureux ou infructueux.
En dehors du champ thérapeutique, l’AT est utilisée dans le champ éducatif, du conseil, social, police pour aider à maintenir une communication claire et à éviter de s’engager dans des affrontements stériles.
Parmi les nombreux fruits de l’analyse transactionnelle :
- La théorie des signes de reconnaissance, développée par Claude Steiner
- La Process communication, développée par Taibi Kahler
Communication Non Violente (CNV)
La communication non violente, ou communication consciente, est un processus de communication créé dans les années 1970 par Marshall B. Rosenberg, psychologue américain (1934-2015). Selon son auteur, ce sont « le langage et les interactions qui renforcent notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d’en faire autant ». Les caractéristiques principales de la CNV sont l’empathie, l’authenticité et la responsabilité. L’empathie est au cœur de la CNV, ce qui constitue un point commun avec l’approche centrée sur la personne du psychologue Carl Rogers dont Marshall Rosenberg fut un des élèves.
Marshall Rosenberg constate le rôle déterminant du langage et de l’usage des mots. L’expression « non violente » est une référence au mouvement de Gandhi et signifie ici le fait de communiquer avec l’autre sans lui nuire. Marshall Rosenberg s’appuie également sur les travaux de l’économiste chilien Manfred Max-Neef, qui a analysé les besoins humains
Pour Marshall Rosenberg, le but de la CNV est de « favoriser l’élan du cœur et nous relier à nous-mêmes et aux autres, laissant libre cours à notre bienveillance naturelle ». Partant de sa conviction que la nature profonde des hommes les porte à « aimer donner et recevoir dans un esprit de bienveillance », il s’interroge sur notre capacité à nous couper de cette bienveillance au point de devenir violents ou agressifs, et s’efforce de comprendre comment certains individus, au contraire, parviennent à rester en contact avec cette bonté, même dans les épreuves.
Qu’il s’agisse de clarifier ce qui se passe en soi ou de communiquer avec d’autres, l’art relationnel de la CNV propose de porter son attention sur 4 points :
- Observation (O) : décrire la situation en termes d’observation partageable ;
- Sentiment (S) : exprimer les sentiments ressentis face à cette situation ;
- Besoin (B) : clarifier le(s) besoin(s) qui est la source du sentiment ressenti ;
- Demande (D) : faire une demande respectant les critères suivants : réalisable, concrète, précise et formulée positivement. Si cela est possible, que l’action soit faisable dans l’instant présent. Le fait que la demande soit accompagnée d’une formulation des besoins la rend négociable.
Thérapie Relationnelle IMAGO
La Thérapie Relationnelle Imago a été développée dans les années 80 par un couple de psychologues américains : Harville Hendrix (1935-) et Helen LaKelly Hunt (1949-). Tous deux malheureux d’avoir vécu un premier divorce, et déçus par les thérapies qui avaient échoué à soutenir leur couple, ils se sont plongés dans des recherches pour comprendre les raisons des crises relationnelles qu’ils vivaient.
Les observations cliniques qu’ils ont faites sur des centaines de couples en thérapie, et la rencontre de milliers d’autres en séminaire, les ont menés au constat qu’aucune théorie globale n’était à même d’expliquer pourquoi des émotions peuvent faire échouer une relation de couple engagée.
Leur apport est extrêmement novateur, car il intègre à la fois les approches des thérapies humanistes (Carl Rogers, AT, Gestalt…), et les approches relationnelles comme la Communication non violente de Marshal Rosenberg. Ils ont ainsi mis au point une théorie qui s’appuie sur le paradigme relationnel et la thérapie relationnelle basée sur l’Imago.
Dans cette approche, le couple est un endroit privilégié pour faire relation. Chacun peut y vivre les aspects ressources de la relation, et également se trouver confronté à certaines blessures d’enfance. Lorsque cela est le cas, le couple devient alors un lieu de « lutte de pouvoir », où l’on cherche à changer l’autre en fonction de ses blessures. Cette lutte vient insécuriser la relation, et couper la connexion si nécessaire à l’épanouissement de la vie.
Nous avons inconsciemment choisi notre partenaire afin qu’il nous aide à progresser. Le couple et la relation sont un chemin de croissance et de Vie, où nous avons l’occasion de guérir nos blessures d’enfance dans la relation. Chaque conflit est l’occasion de grandir, à deux.
La thérapie relationnelle IMAGO aide à ce que la relation de couple devienne un creuset de croissance mutuelle, permettant à chacun de s’épanouir et de réparer ses blessures et les vivre autrement.
« Je suis né dans la relation, j’ai été blessé dans la relation, c’est dans la relation que je peux guérir »
L’approche relationnelle IMAGO s’applique de manière plus large à toute forme de couple ou relation : relation parent-enfant, relation amicale ou professionnelle…
Harville Hendrix et Helen LaKelly Hunt ont écrit de nombreux livres.
La Psychologie Biodynamique
La Psychologie Biodynamique est une thérapie psychocorporelle. Elle a été fondée par la psychologue et physiothérapeute norvégienne Gerda Boyesen au début des années 1970. C’est une approche post-Reichienne qui accorde au corps la capacité de réguler, voire de digérer, les processus psychiques. Le corps sensible est ainsi plus qu’un allié dans le travail, c’est le socle du processus.
En effet, voyant dans sa pratique que lorsque l’on travaille sur la psyché cela impacte le corps et que lorsque l’on travaille avec le corps, cela impacte la psyché, Gerda Boyesen a élaboré une approche qui tisse un véritable pont entre « Psyché et Soma » – titre de son livre Français. En effet, suite à deux décennies de pratique clinique et de recherche, cette pionnière a su faire se rencontrer l’approche psychologique classique et les massages physio-thérapeutiques – ce qui était très novateur à cette époque.
Elle et ses filles notamment, Ebba et Mona-Lisa, ont ensuite développé un panel d’outils psychocorporels, dont les massages biodynamiques, la psycho-orgastie, la biorelease (biointégration), la végétothérapie biodynamique, la parole enracinée, etc. Cette approche a également intégré d’autres outils, qu’elle mobilise à sa façon biodynamique : respect du rythme du vivant, d’un noyau sain (personnalité primaire) en chacun, compréhension que la névrose (personnalité secondaire) est incorporée et intelligente, que le corps peut la réguler (psychoperistaltisme) s’il est soutenu, recherche d’un bien être indépendant du contexte, etc.
La Psychologie Biodynamique compte historiquement comme un courant majeur du monde psychocorporel. Elle est enseignée et pratiquée dans plusieurs pays européens et est reconnue par l’Association Européenne de Psychothérapie et l’Association Européenne de Thérapie Psychocorporelle.
Processus Thérapeutique
Le processus thérapeutique est l’ensemble du cheminement conscient et inconscient d’une personne, qu’elle soit accompagnée ou non par un thérapeute. Ce processus est complexe, évolutif et souterrain : nous n’en voyons que des manifestations partielles, et il est difficilement saisissable dans son ensemble. Il s’écoule de manière permanente, et il est dynamisé par le travail thérapeutique, qui accompagne son mouvement lors d’expressions & vécus verbaux, corporels, émotionnels, symboliques et spirituels.
Respiration Holotropique (RH)
La Respiration Holotropique est une approche créée par Stanislas Grov, psychiatre américain, dans les années 1970, afin de pouvoir accompagner des personnes dans des états modifiés de conscience sans utiliser de substances psychotropes (avant son interdiction, le Dr Grof utilisait le LSD).
Cette RH utilise une phase d’hyperventilation et des conditions particulières permettant d’induire un état modifié de conscience qui passe beaucoup par les sensations corporelles.
Elle est accompagnée et soutenue par des musiques spécifiques qui accompagnent les phases du voyage.
Système Nerveux Autonome (SNA)
Le système nerveux autonome correspond à la partie du système nerveux qui régule certaines fonctions automatiques de l’organisme comme les muscles lisses, la digestion, la respiration, les muscles cardiaques ou certaines glandes. Ainsi, il permet le maintien de l’homéostasie interne de l’organisme. Il se distingue du système nerveux somatique, composante du système nerveux périphérique associée au contrôle volontaire des mouvements du corps dans son environnement extérieur.
Ce système est également appelé neuro-végétatif car il assure les fonctions végétatives, celles qui continuent de fonctionner chez un sujet en état végétatif.
Le SNA joue un rôle central dans l’économie des névroses, qui par définition agissent à l’encontre des besoins naturels d’une personne, et donc du fonctionnement naturel du SNA : une personne perd alors une partie de sa capacité d’autorégulation.
Le SNA fait l’objet d’une attention particulière dans les thérapies psychocorporelles comme l’APO ou la psychologie biodynamique, où l’on va observer dans quel état se trouve le SNA, et agir pour l’aider à se réguler. Tout en accompagnant la personne à prendre conscience de certains mécanismes névrotique, il s’agit d’aider le système nerveux autonome à réinstaller sa propre capacité d’autorégulation. Exemple : je suis fatigué, je me repose.
Les dernières théories dites polyvagales développées par Steven Porges sur le SNA font état de 3 branches distinctes et interdépendantes : le système vagal dorsal (sympatique), le système parasympatique, et le système vagal ventral (sympatique).
Thérapie Psychocorporelle
Être thérapeute psychorporel, c’est valoriser les ressentis corporels comme un accès au monde intérieur de la personne, et c’est porter une attention particulière à l’état du système nerveux autonome (SNA), aux différents signaux que le corps exprime.
Être thérapeute psychocorporel n’est pas tant travailler sur le corps (cela peut arriver, du massage thérapeutique par exemple), que de travailler avec le corps, c’est-à-dire dans la conscience du vécu corporel. Ceci afin que le patient puisse réguler le processus en cours.
Non seulement le travail thérapeutique psychocorporel aide à valider un nouveau fonctionnement, mais il aide à le câbler organiquement, c’est-à-dire l’intégrer dans le système nerveux. Car le thérapeute psychocorporel place le SNA au cœur du travail thérapeutique, avec l’idée qu’une thérapie consiste à recouvrer la capacité d’auto- régulation naturelle du SNA.
Végétothérapie
La végétothérapie est une technique psychocorporelle créée dans les années 1930 par Wilhelm Reich, surnommé le « père des thérapies psychocorporelles ». Elle a ensuite été développée par différents successeurs de Reich : Ola Raknes, Elsa Lindenberg, Federico Navarro, Gerda Boyesen et d’autres. La végétothérapie est donc l’ancêtre de nombreux outils psychocorporels développés par la suite.
Cette technique consiste à se mettre à l’écoute des signaux corporels, et plus particulièrement, des signaux involontaires de l’organisme. Il est pensé que ces signaux involontaires – que nous ne pouvons donc pas contrôler-, nous parlent directement de notre état profond.
En effet, l’idée de base des thérapies psychocorporelles, est que le corps et la psyché sont deux facettes d’une seule et même réalité – de notre unité fondamentale. Écouter notre organisme c’est ainsi laisser se dévoiler à nous nos vérités essentielles – dans leurs manifestations physique mais aussi, sensibles, émotionnelles, mentales et donc psychiques.
La végétothérapie consiste du coup, à accompagner le processus qui se déroule quand on écoute le corps. Et la pratique clinique montre que les matériaux qui se présentent sont, dans leur très grande majorité, d’une pertinence sidérante pour la personne. Le corps semble nous montrer ce dont nous avons besoin de prendre conscience avec beaucoup d’intelligence.
Le constat est donc que la végétothérapie permet de dialoguer avec cette intelligence qui nous anime profondément. Une intelligence dont nous pouvons avoir conscience, mais qui agit aussi de manière inconsciente et organique.
Une séance de végétothérapie peut nous mener dans plein de directions différentes :
- La personne peut retrouver des mémoires personnelles passées et ainsi, des matériaux régressif.
- Elle peut retrouver des mémoires familiales ou culturelles et ainsi, des conditionnements
- Elle peut faire l’expérience de connexions avec des dimensions archétypales ou transpersonnelles, dans leur sens le plus large
- Elle peut découvrir des potentiels qui ne se sont pas encore déployés en elle
La végétothérapie est une méthode simple qui exige beaucoup de doigté. Elle demande à ce que le.a facilitateur.rice :
- soit en mesure se poser dans une présence tranquille
- ait acquis les bases de la posture de facilitateur.rice
- ait acquis les bases de la méthode de la végétothérapie
- ait développé une bonne compréhension du processus psychocorporel
- sache faire appel aux outils associés à la végétothérapie (toucher conscient, mises en situation, visualisation, etc.)
- comprenne l’importance du processus de régulation et d’intégration
La filiation de la végétothérapie enseignée à Arborescens est la suivante : Reich – Raknes – Boyesen – Southwell – les formatrices d’Arborescens.